Cueillir les fruits sucrés pour de bons repas

Quand le parfum des tilleuls flotte dans les quartiers de New York, je sais que c’est la saison des amélanchiers. Les roses fleurissent depuis des semaines, le chèvrefeuille japonais a éclaté. C’est juin. Rouges et violets à maturité, avec une légère floraison sur leur peau, les amélanchiers pendent en grappes d’arbres gracieux. Localement, ils sont souvent plantés dans des paysages publics pour leurs fleurs printanières, leur feuillage d’automne flamboyant et leur gracieuse résilience face à l’adversité urbaine. Dans les bonnes années de fructification, leurs branches peuvent se plier bas, ce qui facilite l’atteinte et la collecte des fruits sucrés, bien qu’ils tombent souvent sur le trottoir, intacts. Malgré leur statut indigène, leur saveur exceptionnelle et leur capacité à bien se conserver (réfrigérées), les amélanchiers sont rarement vus sur le marché. C’est curieux, car ils sont particulièrement délicieux.

Photographie de Marie Viljoen.

Ci-dessus : Les amélanchiers fourragers se conservent de 10 à 14 jours au réfrigérateur.

L’amélanchier fait partie d’une multitude de noms communs pour les différentes espèces, hybrides, variétés et cultivars d’arbres et d’arbustes Amelanchier. Certains noms communs sont associés à une espèce particulière, mais la plupart du temps, ils sont utilisés de manière interchangeable. Donc A. arborée, qui compte des dizaines de cultivars de pépinière, est également connu sous le nom d’amélanchier duveteux, d’amélanchier, d’amélanchier, d’amélanchier et d’arbre à sarvis. Mais il est difficile, même pour les botanistes, de trier la taxonomie Amelanchier, et ce que vous achetez dans une pépinière peut ne pas correspondre à ce que dit l’étiquette. Les arbres et arbustes ont également tendance à s’hybrider facilement, ce qui rend difficile une identification précise. Ils peuvent être à plusieurs tiges ou à une seule tige, ils peuvent être grands ou arbustifs. Ce qui compte, c’est leur goût.

Le début de l’été est le moment de commencer l’échantillonnage.

Ci-dessus : L’amélanchier duveteux a un duvet sur les feuilles émergentes.

La plupart des espèces d’Amelanchier sont originaires d’Amérique du Nord. Sur la côte est, les bourgeons pointus et vert-blanc des amélanchiers s’ouvrent pour accompagner la course de l’alose (où l’alose coule encore), un hareng qui retourne dans ses rivières natales pour frayer au début du printemps, donnant lieu aux noms shadblow (le coup est vieil anglais, de blowan, pour les fleurs) et shadbush. Pour les Canadiens, il s’agit peut-être de Saskatoon, du nom d’un mot cri désignant l’endroit où elles poussaient en abondance. Baies de juin ? C’est souvent le mois où ils mûrissent, dans les étés du Nord.

Ci-dessus : Une année abondante abaisse les branches de l’amélanchier.

William Clark (de Lewis et Clark) les a qualifiés de « sarvis enterres » dans son extraordinaire journal de voyage (qui inspire à la fois admiration et grincer des dents). Les Amérindiens connaissaient bien les amélanchiers. Le fruit pilé était un ingrédient des pemmicans régionaux. J’ai séché les fruits fermentés et c’est incroyablement bon, au goût de pâte d’amande moelleuse.

Ci-dessus : amélanchiers à Brooklyn Bridge Park.

Les premières amélanchiers que j’ai goûtées ont poussé dans un jardin de mai parfumé au jasmin dans la ville turque d’Ayvalik, sur la mer Égée. Personne ne pouvait me dire ce qu’ils étaient, seulement qu’ils étaient bons à manger. J’ai accepté, car je me suis bourré. De retour à New York, j’ai reconnu le même fruit, et soudain, j’ai vu les arbres partout. Sur l’Hudson à South Cove Park, à Tear Drop Park, dans le parklet* alors délabré entre les ponts de Manhattan et de Brooklyn, à Prospect Park et à Central Park. Juin est devenu un mois très attendu.

* Depuis, transformé en le Brooklyn Bridge Park botaniquement étincelant, où les amélanchiers ont été à nouveau plantés généreusement.

Le fruit que j’ai mangé en Turquie, poussant sur un buisson tentaculaire, appartenait peut-être à la seule espèce européenne, Amélanchier ovale (mespilus neigeux), qui se produit jusque dans le centre de la Russie, bien que le (probablement) américain A. lamarckii s’est naturalisé sur ce continent. Et il y a aussi les amélanchiers asiatiques : A. sinica et A. asiatica.

Ci-dessus : Pas de baies, mais des pépins.